Mobilisation de ressources pour la création d'un Fonds de Réduction de la Pauvreté pays membres de l'OCI.

En conformité avec la mission confiée à la Banque Islamique de Développement, dans le cadre du Programme d'action décennal adopté lors du 3ème Sommet Extraordinaire de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) tenu à Makkah al-Moukarramah, Arabie Saoudite, en décembre 2005, le Conseil des Gouverneurs, lors de sa 31ème Réunion annuelle, tenue au Koweït en mai 2006, avait chargé le Conseil des Directeurs Exécutifs et la Direction de la BID de prendre les dispositions requises pour la création d'un Fonds de Réduction de la Pauvreté dans les pays membres. Les objectifs dudit Fonds sont : la réduction de la pauvreté ; (ii) l'éradication de l'analphabétisme ; (iii) l'éradication des principales maladies contagieuses comme le paludisme, la tuberculose et le Sida ; et (iv) le renforcement des capacités humaine et de production, surtout dans les pays membres les moins avancés (PMMA). L'Assemblée générale des Nations Unies a bien accueilli l'idée de création d'un tel Fonds dont la présentation fut faite devant elle par la BID, en novembre 2006, sur invitation spéciale. Selon le Programme d'action décennal, les principaux objectifs du Fonds sont :

* de recevoir des contributions. A cet effet, il a déjà reçu celles de 21 pays membres, notamment de l'Arabie Saoudite et du Koweït qui ont généreusement offert respectivement de verser un milliard de $EU et 300 millions de $EU. Le Fonds devrait être fonctionnel immédiatement après l'adoption de son règlement par la 32ème Réunion annuelle du Conseil des Gouverneurs de la BID prévue à Dakar, Sénégal, en mai 2007 ;

* de fonctionner comme un Fonds Waqf pour mieux exploiter ses 10 milliards de $EU de capitaux de lancement.

Campagne de mobilisation de ressources

Un mission de personnalités de haut niveau, conduite par S.E. M. Abdoulaye Diop, émissaire spécial de S.E. le Président de la République du Sénégal et Président en exercice du Conseil des Gouverneurs, en compagnie de S.E. Dr Ahmad Mohamed Ali, Président de la IDB, est présentement en visite dans plusieurs pays membres dont l'Iran, l'Algérie et la Lybie pour solliciter auprès de leur Chef d'Etat une participation à la mobilisation de ressources en faveur du Fonds. Selon le Président de la BID, "Ce Fonds traduit le meilleur exemple de solidarité au niveau des pays membres de la BID en matière de lutte contre la pauvreté auquel chacun des pays membres apporte sa contribution, non en tant que donateur ou récipiendaire, mais selon ses moyens financiers et sa volonté à aider les autres". Ainsi, le Fonds est l'une des meilleures illustrations de la coopération Sud-Sud au moyen duquel, outre les principaux donateurs, tels que le Koweït et l'Arabie Saoudite, onze pays moins avancés en Afrique ont aussi apporté leurs contributions, mus par le sacrosaint esprit de solidarité.

Cette mission confiée à des personnalités de haut niveau est chargée d'informer les Chefs d'Etat des pays membres sur l'état de création du Fonds et solliciter leur généreux soutien financier pour sa réalisation. Compte tenu des nobles objectifs du Fonds et de l'étendue de la pauvreté dans les pays membres moins avancés, les pays membres seront invités à faire connaître leurs contributions, avec disponibilité immédiate, afin que le Fonds devienne fonctionnel aussitôt après la Réunion annuelle du Conseil des Gouverneurs, prévue à Dakar, Sénégal, du 29 au 30 mai 2007.

Historique du Fonds

De tous les engagements à long terme de la BID visant à satisfaire les besoins de développement de ses pays membres, en particuliers de ceux les moins avancés, le plus proéminent est la lutte contre la pauvreté grâce une approche Sud-Sud selon les principes spécifiques à l'Islam. La Vision 1440H (2020) de la Banque offre également une approche unique en faisant de la "Dignité humaine", la pierre angulaire du Programme de développement de la Banque. Elle traite de "l'autonomisation" comme une valeur fondamentale. Elle fait aussi de la "Réduction de la pauvreté" son objectif stratégique et identifie le "développement humain" comme l'un de ses domaines prioritaires.

Rôle historique de la BID en matière de Réduction de la Pauvreté

A travers sa politique de financement à des conditions de faveur, destinée à ses pays membres les moins avancés, la BID a financé à ce jour différents projets pour environ 42 milliards de DI, dont la moitié consacrée à des activités en faveur des pauvres. Le financement de la Banque accorde la plus haute priorité à la "satisfaction des besoins élémentaires", notamment les opportunités d'emploi ; la création de débouchés surtout pour les déshérités des zones rurales ; l'amélioration des infrastructures rurales et préurbaines de base, à savoir l'approvisionnement en eau potable et en électricité ; et la multiplication des structures d'éducation et de santé etc. La Banque a mis en place une série de programmes de développement pour les femmes et organisé une gamme de programmes de renforcement des capacités de la femme en vue de promouvoir leur participation au processus de développement économique et humain d'une part, et de lutte contre la pauvreté, d'autre part. Sur l'ensemble de ses programmes, la Banque a choisi cinq secteurs fondamentaux où concentrer ses efforts en matière de réduction de la pauvreté. Ce sont l'éducation ; la santé ; le développement rural et agricole ; l'alimentation en eau potable et l'hygiène ; et enfin le transport et l'électricité.

Programmes de Réduction de la BID dans les secteurs clés

Education : 4.566 écoles primaires ; 576 écoles secondaires ; 59 collèges and universités; 204 centres de formation professionnelle.

Santé : 2.683 unités de santé primaire ; 97 hôpitaux d'arrondissement et régionaux ; 23 hôpitaux spécialisés et de référence et d'autres structures de santé.

Développement rural et agricole : 15.800 points d'eau ; au moins 300.000 hectares de terre irriguée ; 88 centres vétérinaires ; 7.000 km de routes rurales et de desserte.

Adduction d’eau et hygiène publique : 610 km de tuyaux et de réseaux ; 29.700 forages.

Transport & Energie : 4.934 km de routes de grande circulation ; 14.000 MW d'énergie électrique ; 11.312 km de lignes de transmission.

Programme d'assistance spéciale (Projets du secteur social dans les pays non membres ainsi que aide d'urgence en faveur de tous les pays) : 565 millions $EU pour 1.017 opérations.

ONG & Femmes dans le Développement : 62 opérations d’une valeur de 1,2 millions de $EU.

Position de la BID face à la Pauvreté

La BID perçoit la pauvreté comme un fléau à quatre dimensions dont la portée va bien au-delà des revenus d'une nation car englobant les éléments ci-après : Opportunités – Non accès au marché du travail, à une opportunité d'emploi ; problèmes de mobilité et lourdeur des calendriers. Capacités - Non accès aux services publics tels que ceux de santé et d'éducation. Sécurité – vulnérabilité aux risques économiques ainsi qu'aux violences civiles et domestiques. Enfin Autonomisation – privation de voix et de pouvoirs au sein de la maisonnée, de la communauté et de la nation.

Tout en reconnaissant la complexité des questions en matière de définition de la pauvreté, la BID pense que les huit Objectifs du Millénium pour le Développement (OMD), arrêtés par le Sommet du Millénium des Nations Unies, en septembre 2000, peuvent contribuer à définir et identifier la pauvreté. Ces OMD sont présentement incorporés dans les plans et programmes nationaux de développement et de réduction de la pauvreté traduisant ainsi leur appropriation par les pays et la création d'un consensus. Les OMD sont aussi directement compatibles avec la Vision 1440H de la Banque. Ceci a été largement illustré par la participation de la BID aux débats de l'Assemblée générale des Nations Unies sur ce thème en 2006 à l'occasion de laquelle elle a annoncé le lancement du Fonds et son engagement envers la réalisation des OMD. Cependant, la BID se réserve le droit d'adapter n'importe lequel des OMD aux conditions particulières d'un pays donné.

Tâche énorme à abattre

La Banque et ses pays membres sont confrontés à une tâche énorme dans leur lutte contre la pauvreté. En 2002, environ 40 % soit près des 400 millions du milliard d'hommes sensés vivre dans la pauvreté absolue vivaient dans 31 des 56 pays membres de la BID.

Aussi, la BID envisage-t-elle de concentrer ses activités en matière de réduction de la pauvreté sur six domaines : la promotion de la croissance au profit des pauvres ; la recherche de solutions aux problèmes que rencontrent les femmes dans le cadre du développement économique ; la valorisation du développement humain particulièrement dans les domaines de la santé et de l'éducation ; la mise en place d'une couverture sociale pour les démunis ; l'amélioration des services publics ; le renforcement des capacités humaines et de production ; et la promotion ainsi que l'engagement sans faille des pays membres envers l'appropriation pleine de ces idées.

Réunion du Groupe d'Experts sur la réduction de la pauvreté

Toutes ces stratégies et bien d'autres sur la lutte contre la pauvreté dans les pays membres, en relation avec le Fonds, ont déjà été discutées lors de la réunion du Groupe d'Expert tenue au siège de la BID du 13 au 14 février 2007. Pour un rendement optimum de son intervention, la Banque identifiera des projets éligibles à son financement en évaluant les programmes nationaux de réduction de la pauvreté. Elle signera aussi avec les pays concernés des accords de mise en œuvre de telles stratégies et procédera à l'évaluation de leurs impacts et avantages étant donné que la priorité prépondérante est d'arriver à des résultats conclusifs pour les pays membres.

La réunion du Groupe des experts a aussi identifié plusieurs types de programmes et projets à financer parmi lesquels des projets sectoriels intégrés destinés à s'attaquer aux causes de la pauvreté à leurs racines ; des infrastructures d'appui institutionnel ; la promotion de projets et programmes à caractère transversal ayant un impact sur la réduction de la pauvreté comme ceux orientés vers l'environnement et la femme. En effet, la Banque est d'avis qu'aucune stratégie de réduction de la pauvreté ne saurait réussir sans impliquer fortement la femme dans toutes ces activités. De même, la BID fournira de l'aide d'urgence et un appui aux efforts de reconstruction à long terme.

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