À Dhaka, au Bangladesh, sur un terrain de deux acres, se trouve le complexe Waqf de la Banque islamique de développement et de Bangladesh Islamic Solidarity Education (BID-BISEW) :  IsDB Bhaban, qui s'élève à 81 mètres, est l'un des bâtiments les plus prestigieux du quartier Agargaon de la capitale. Créé en 1987 à la suite d'un accord entre la Banque islamique de développement et le gouvernement du Bangladesh, le Waqf BID-BISEW a commencé ses opérations en 1997, avant de se consacrer à l’éducation en 2003. Précurseur en la matière, la BID est pour ainsi dire l’instigateur du projet, en plus d’en être le financier.

Il est constitué en Waqf car le but premier du BID-BISEW était d'aider financièrement les étudiants musulmans, les instituts islamiques et les orphelinats du Bangladesh. Convaincu que les jeunes sont une main-d'œuvre potentielle, le BID-BISEW s'est attelé à combler le fossé entre l'éducation et l'emploi ; d’où le paramètre clé de succès du projet qui a été le placement de ses diplômés.

Avec des locataires de renom (dont plusieurs bureaux des Nations-Unies et le bureau du centre régional de la BID), l’édifice IsDB Bhaban a produit des revenus significatifs et continus ; les prévisions budgétaires pour l'exercice financier juillet 2018-juin 2019 indiquaient un revenu brut total d'environ 4,56 millions de dollars des États-Unis. Il a permis au BID-BISEW de s'asseoir sur un fonds d'amortissement de 10,68 millions de dollars et de posséder un bien dont la valeur est estimée à 50 millions de dollars des États-Unis. Avec un nouveau terrain de 2 acres alloué par le gouvernement pour un autre projet Waqf, le projet BID-BISEW s’arroge une valeur nette totale de 160 millions de dollars des États-Unis.

Avec une allocation de près de 1,23 millions de dollars des États-Unis par an consacrée au développement de l'éducation et des ressources humaines, le BID-BISEW soutient plus particulièrement les cinq programmes suivants : le programme de bourses d'études en informatique, qui vise à transformer le nombre important de diplômés universitaires non spécialisés en informatique au chômage en une force de travail productive ; le programme de formation professionnelle, qui cible les jeunes en déperdition scolaire du niveau secondaire et renforce leur capacité à créer des emplois dans les domaines de l'électricité, de la mécanique, de la soudure et de la fabrication ; le programme des madrasas, qui vise à développer leurs installations et à introduire le programme Dakhil (professionnel) sous l'égide du Conseil de l'enseignement technique du Bangladesh (BTEB) ; le programme des bourses d'études pour des diplômes sur 4 ans en ingénierie, conçus pour permettre aux diplômés du programme professionnel des madrasas d’obtenir un  diplôme en 4 ans en ingénierie dans des instituts polytechniques publics; et le programme d'orphelinat, avec un projet unique- l'orphelinat Khaiyarbhanga à Madaripur- axé sur la scolarisation des orphelins. Au total, ces cinq programmes ont servi plus de 42,500 bénéficiaires, créé plus de 6,500 emplois- soit 92 % des diplômés du Waqf - et utilisé 19,6 millions de dollars sous forme de décaissements pour des projets, sur les 46,3 millions de dollars des États-Unis de recettes totales générées par le Waqf.

Sur le plan individuel, de nombreux diplômés du BID-BISEW ont eu une vie professionnelle gratifiante, une grande partie d'entre eux gravissant prestement les échelons professionnels. A titre d’exemple, Afroza Akhter, diplômée du programme informatique, a travaillé à IBCS-Primax Software BD Ltd et a Banglalink, principal opérateur des télécommunications, poste qu’elle a quitté en 2017 pour de nouveaux horizons plus intéressants en tant qu'ingénieur principal en applications. Rakib Hossain, diplômé du programme de madrasa (professionnel), travaille depuis 2016 comme chef de secteur dans l'industrie électrique ROSE CAFA à Sunamganj.

En gros, le projet BID-BISEW a eu un impact à la fois sur le secteur philanthropique Awqaf et sur l'économie locale dans son ensemble. Le ministère des Affaires religieuses du Bangladesh considère ce projet comme une réussite majeure, en témoignent les multiples prix et distinctions qui lui ont été décernés et le modèle de haut niveau qu'il représente dans le domaine des Awqaf. Il a également stimulé l'économie locale grâce à ses atouts de niveau international, à son initiative dans le domaine des technologies de l'information et à l'exécution de programmes éducatifs sans précédent au niveau local. Il a longtemps servi de prototype pour des projets Waqf très performants pour diverses raisons : sa gestion solide sous l’impulsion de son directeur général et du comité Mutawalli/Nazir (comprenant des représentants nommés par le gouvernement et la BID) ; ses programmes éducatifs exceptionnels et complexes, prêts à être exécutés sur le terrain ; ainsi que sa sélection et son utilisation probantes des actifs du Waqf. Bien que le Waqf ait dû faire face à de nombreux défis, notamment la mise à l'échelle et l'impact macro-économique sur la jeunesse du Bangladesh, il s’est maintenu comme moteur principal des programmes éducatifs au Bangladesh.